Les héros de la galaxie (vol. 19)

TANAKA Yoshiki 田中芳樹, FUJISAKI Ryû 藤咲竜 – ISBN: 9782380714999, Éditions Kurokawa, 2023 (Shueisha, 2015)

Le commandant du régiment Rosen Ritter, le général Walter von Schönkopff, s’infiltre dans le poste de commandement du vaisseau de l’amiral Reuenthal et affronte ce dernier au corps à corps. Les deux hommes qui sont prêts à se sacrifier sont d’abord interrompus par l’amiral Bergengrün suivi par des renforts. Le général Schönkopff préfère alors se retirer avec ses troupes. L’amiral Reuenthal change ensuite de tactique, se contentant d’avancer et de reculer mais obligeant la forteresse d’Iserlohn à se maintenir en formation défensive. Du côté de Fezzan, l’amiral Mittermeyer a préparé le terrain pour l’arrivée du duc de Lohengramm…

L’auteur ballade le lecteur entre les deux fronts qui se forment, rendant parfaitement le sentiment de prise en étau de l’Alliance des planètes libres. Il continue de mettre en avant les personnages secondaires, en particulier Reuenthal qui peut s’avérer fin stratège quand il garde son calme. Il montre également sa prestance dans le management de ses troupes, adaptant ses ordres selon leurs caractères. Ainsi, l’amiral aux yeux vairons lâche un peu la bride à l’amiral Rennenkampf qui se retrouve en situation délicate mais conserve sa confiance. De nouveaux personnages sont introduits. Le marchand de Fezzan Boris Konev permet de découvrir un peu la jeunesse de Yang Wen-li. La transformation du ministre de la défense de l’Alliance, Walter Islands et la nonchalance du contre-amiral Chung Wu-Cheng détendent un peu l’atmosphère tendue générale. Fujisaki sensei aborde la position délicate des civils durant les conflits, les plus démunis ne pouvant fuir, ainsi que la lâcheté de certains responsables politiques abandonnant leur peuple. A travers le vice-amiral Isaac Fernand von Thurneysen, il s’intéresse également aux individus qui profitent du succès des autres pour se propulser dans la société. Le lieutenant Julian Mintz commence à dévoiler ses capacités de stratèges, pour notre plus grand plaisir.
Le mangaka a un trait léché légèrement épuré. Il exagère les expressions dans les passages humoristiques, n’hésitant pas à simplifier ses traits. Il dessine des décors somptueux, très détaillés. De même, les trames sont très nombreuses. Toutefois, les effets de transparences permettent d’alléger un peu les pages. Des schémas simples permettent de décrypter facilement le déroulement des combats, laissant la place aux mouvements les plus spectaculaires. Malgré une mise en page plutôt stricte à cause d’un agencement des cases classiques, les changements d’angles de vue dynamisent la lecture.

Un tome qui nous replonge dans les tactiques militaires et la tension. Quel plaisir pour moi de découvrir un de mes chouchou (Reuenthal) en action! Je suis toujours autant passionnée par cette série.

Les héros de la galaxie 19©2023, Tanaka Yoshiki, Fujisaki Ryû, Éditions Kurokawa
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Le rakugo, à la vie, à la mort (vol. 1 à 5)

KUMOTA Haruko 雲田はるこ, Éditions Le lézard noir (Kodansha, 2010-2016)

Années 1960 au Japon. Kyôji sort de prison pour bonne conduite. Il veut maintenant devenir rakugoka depuis qu’il a vu une représentation au centre pénitentiaire. Il demande donc à Yakumo, un grand maître de rakugo, de le prendre comme disciple. Alors qu’il avait toujours refusé jusqu’à présent, l’artiste accepte et lui offre même le gîte et le couvert dans sa grande résidence.  Il confie alors son éducation à Konatsu, la fille de Sukeroku Yûrakutei, un conteur de génie décédé dans un tragique accident une vingtaine d’année auparavant. Le chauffeur Matsuda, qui s’occupe également de diverses tâches à la maison, lui enseigne les règles et habitudes de la maisonnée. Mais les jours passent et Kyôji, surnommé Yotarô par le maître, ne commence aucun apprentissage, servant plutôt à tromper l’ennui du vieil homme, en l’accompagnant comme un fidèle toutou…

L’auteure présente l’univers du rakugo à travers un jeune homme qui veut devenir rakugoka. Elle détaille l’apprentissage particulier qui se fait principalement par l’observation, la hiérarchie très stricte selon les grades, les règles et l’histoire de cet art. En parallèle, elle installe une intrigue à démêler sur le passé trouble de Sukeroku et Yakumo. Les personnages ont des caractères bien tranchés. L’humour est principalement porté par Yotarô qui enchaîne les gaffes avec son franc-parler et sa passion dévorante. En fin de compte, sa présence fait bouger les gens autour de lui. Le passé de Sukeroku et Yakumo, dévoilé au fur et à mesure du récit, permet de comprendre les différents sentiments qui hantent le maître de rakugo, entre admiration, attirance, jalousie, dégoût, amertume… Kumota sensei aborde le déclin de cet art traditionnel avec l’apparition de nouveaux divertissements ainsi que sa modernisation. Elle montre l’influence des yakuzas et de certains médias passionnés dans la conservation de cet art. D’ailleurs, elle offre également une petite fresque historique permettant de découvrir les changements que connaît la société japonaise durant cette période. La traduction a été confiée à Cyril Coppini, un maître de rakugo français, permettant d’avoir des explications claires des termes. D’ailleurs, à la fin du premier tome se trouvent des fiches explicatives.
La mangaka a un trait très épuré, avec un style graphique qui lui est propre. Elle exagère les expressions dans les passages humoristiques. Ses regards sont très expressifs. Les trames servent principalement à colorer ou renforcer les ambiances. Les décors simples mais tout de même soignés apparaissent sur les plans élargis. La mise en page rythme la lecture. En fin de tome, des histoires bonus apportent des informations supplémentaires sur l’univers du rakugo, présentées par Yotarô et/ou Matsuda. A la fin du tome 5, le fils de Konatsu, Shinnosuke, présente le Shiburaku, une salle à Shibuya qui permet de découvrir le rakugo. Des fiches de personnages en début de tome permettent de s’y retrouver.

Le manga a été plusieurs fois primé au Japon dont le prix d’excellence au 17e Japan media arts festival, meilleur manga catégorie générale au 38e prix Kodansha manga et prix de la nouveauté au Prix culturel Osamu Tezuka 2017. Au Japon, la série compte 10 tomes mais le Lézard noir a préféré les regrouper par deux. De même, le format un peu plus grand permet d’apprécier le dessin. Une adaptation animée a été diffusée en streaming en France sur ADN sous le titre Le rakugo ou la vie. Le casting est d’ailleurs merveilleux avec les doubleurs Ishida Akira dans le rôle de Yakumo Yûrakutei, Yamadera Kôichi pour Sukeroku Yûrakutei, Seki Tomokazu pour Yotarô et Hayashibara Megumi pour Yurie/Miyokichi.

Si vous souhaitez en découvrir plus sur le rakugo, vous pouvez consulter les sites des deux rakugoka français: Stéphane Ferrandez (https://stephaneferrandezconteur.com) et Cyril Coppini (https://cyco-o.com/fr/). Par ailleurs, Stéphane Ferrandez a réalisé un tuto sur le rakugo pour la Maison de la culture du Japon à Paris.

Étant une grande fan de rakugo (qui ressemble un peu au kriké kraké réunionnais) et appréciant également la mangaka que je suis principalement pour ses séries Boy’s love, c’est un grand plaisir pour moi de pouvoir lire cette série dans la langue de Molière. J’espère que beaucoup de personnes découvriront la sit-down comedy. Je suis passée du rire aux larmes. Les personnages sont tous attachants, la sensibilité de l’auteure transmet parfaitement la passion de cet art.

En résumé (attention, spoils):

  • Volume 1 – ISBN: 9782353482207, 2021
    Yakumo refuse d’apprendre son art à qui que ce soit. Cependant, il demande à Yotarô de l’écouter et rire à ses spectacles. Ainsi, le disciple se retrouve surtout à faire l’homme à tout faire. Cependant, ayant une bonne mémoire, il s’entraîne en cachette, ayant retenu les textes. Konatsu, qui l’a surpris, lui montre également le jeu de son père. Le jeune homme ne comprend pas pourquoi la jeune fille talentueuse ne fait pas de rakugo, ignorant que ce milieu est fermé aux femmes. En réitérant sa demande pour devenir disciple auprès de Yakumo, il propose également que Konatsu apprenne le rakugo en même temps que lui. Mais cela provoque l’ire du maître de rakugo
  • Volume 2 – ISBN: 9782353482306, 2021
    Après la seconde guerre mondiale, le rakugo n’a plus autant de succès. Profitant de sa renommée, Sukeroku s’amuse avec les filles. Cela insupporte Kikuhiko qui se retrouve souvent à payer les dettes de son ami. Pourtant, il a accepté de jouer avec lui dans une pièce de kabuki. Il admire le jeu de son ami qui s’est perfectionné en Mandchourie et ne comprend pas comment son insouciance lui apporte tout de même du travail. Pour améliorer son jeu, Kikuhiko fréquente une geisha, Miyokichi, avec qui il aime confier ses doutes. Elle propose alors son aide pour le maquiller pour la pièce de kabuki. Plus que le succès et la réaction du public, le rakugoka prend plaisir à jouer avec son ami et trouve enfin sa motivation.
  • Volume 3 – ISBN: 9782353482405, 2022
    Kikuhiko essaie de motiver et rassurer Sukeroku pour la représentation qu’ils vont faire dans un ryôkan. Matsuda pleure de joie de retrouver l’ancien rakugoka. Malgré sa longue pause, Sukeroku s’attire les faveurs du public. Revigoré par cet essai et la joie de sa fille Konatsu, il se laisse doucement convaincre par Kikuhiko qui lui propose de venir vivre avec lui à Tokyo, la solitude lui pesant. Mais le célèbre rakugoka reçoit la visite surprise de Miyokichi. Bien que ses sentiments sont encore bien présents, il lui propose de venir avec eux, mais la jeune femme préfère mourir avec celui qu’elle a toujours aimé et le pousse dangereusement vers la fenêtre. Heureusement, Sukeroku intervient et en profite pour s’excuser de ne pas avoir réussi à la rendre heureuse, lui promettant même d’arrêter définitivement le rakugo. Soudain, la balustrade du mini-balcon craque sous le poids de la jeune femme…
  • Volume 4 – ISBN: 9782353482535, 2022
    Shinnosuke adore aller voir son père Yûrakutei Yotarô Sukeroku au yosé. Les employés craquent complètement pour son adorable bouille et ses petites prestations de rakugo. Ils lui donnent donc des friandises ou le laissent entrer dans les loges. Même l’auteur Higuchi Eisuke porte le petit sur ses épaules pour qu’il puisse voir le spectacle. Après de longues négociations, Yûrakutei Yakumo a enfin cédé à la demande de Konatsu qui est devenue musicienne de yosé, le milieu ayant du mal à recruter. Toutefois, le grand rakugoka n’hésite pas à se plaindre de l’ambiance trop bruyante et décontractée qui règne maintenant dans les loges. Il est toujours déterminé à faire disparaitre le rakugo avec lui mais Eisuke n’abandonne pas l’idée de moderniser cet art…
  • Volume 5 – ISBN: 9782353482580, 2023
    Suite à son malaise, Yûrakutei Yakumo souhaite mettre fin à sa carrière. Mais la jeune génération de rakugoka refuse son départ. Pour se changer les idées, il a accepté l’invitation de son ami le yakuza Kido, profitant de son magnifique jardin malgré l’arrivée de la pluie. Ce dernier aussi s’inquiète pour l’avenir de son clan. En effet, son fils ne souhaite pas lui succéder et la nouvelle législation complique vraiment leur travail. Les yakuzas n’arrivent d’ailleurs plus à recruter. Quand Konatsu rentre à la maison, elle trouve Eisuke Higuchi en train de consulter leurs archives tout en surveillant Shinnosuke pendant que Matsuda est allé chercher le maître de rakugo

Le rakugo, à la vie, à la mort 1-5©2021-2022, Kumota Haruko, Éditions Le lézard noir
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Le renard et le petit tanuki (vol. 4 à 6)

TAGAWA Mi, Éditions Ki-oon (Mag garden, 2021-2022)

Senzo et Manpachi essaient de faire la vaisselle pour aider Koyuki, mais ils ne sont pas très doués. Quand le petit tanuki sort s’amuser, il ne comprend pas trop pourquoi la renarde blanche ne l’accompagne jamais, mais le renard noir devine qu’étant la gardienne de la maison, elle ne peut se déplacer librement. Une petite voix intérieure n’arrête pas de mettre le doute dans l’esprit de Senzo, ce qui le rend encore plus bougon que d’habitude. Alors que le renard noir était perdu dans ses pensées, il prend une balle en pleine tête…

L’auteure révèle au compte-goutte le passé de Senzo. En parallèle, elle fait planer un terrible danger sur toute la vallée, qui semble en lien avec l’humeur du renard noir. Son affection devient alors une douleur qu’il a de plus en plus de mal à gérer, ses lointains souvenirs polluant sa perception. Les indices sont semés au fil des chapitres, laissant deviner différentes pistes. Par ailleurs, le pouvoir du renard noir évolue, relançant les suppositions. Le blaireau Momoji, la belette Togo et la loutre Ichi apportent quelques touches d’humour. Pourtant, l’étrange Homei les manipule pour assouvir une terrible vengeance. Tagawa sensei maintient constamment le suspense, laissant planer le doute. Elle équilibre parfaitement l’alternance des différentes aventures entre les animaux. En effet, Senzo n’est plus le centre de l’attention, elle développe également les personnages secondaires, leurs destins s’entremêlant et chacun ayant un rôle à jouer. D’ailleurs, les dieux se montrent taquins, exigeant du travail et de la réflexion de leurs messagers. Les rapports de force changent constamment entre les animaux au fur et à mesure que le mystère se lève. Le petit tanuki mûrit et grandit, ses interactions apportant souvent une note très positive à son entourage.
Le trait doux de la mangaka colle parfaitement au style du récit. Ses expressions cartoonesques n’enlèvent rien au caractère animal. De même, en prenant forme humaine, les animaux restent facilement reconnaissables grâce à leur caractéristiques, ainsi que leur signe qui apparaît comme un tatouage. Les décors sont soignés. D’ailleurs, ils alternent avec les trames d’ambiance. Les scènes d’action ne s’éternisent pas et montrent l’essentiel du combat. La mise en page dynamique tire profit des grandes vignettes. En fin de tome, Tagawa sensei offre de courtes histoires humoristiques d’abord publiées sur ses réseaux sociaux. De même, sous la jaquette, elle donne des informations sur les personnages.

Un conte moderne, touchant et adorable. Impossible de ne pas craquer pour ces adorables métamorphes! J’appréhende les révélations à venir sur Homei!

En résumé (attention, spoils):

  • Volume 4 – ISBN: 9781032710234, 2021
    Tachibana est venu s’amuser un peu. Il est accompagné par Gomaru. Ce dernier était le tueur de métamorphes et a repris son apparence normale. Cependant, ayant mangé le foie de ses congénères, il ne peut plus parler. Manpachi essaie immédiatement de sympathiser avec lui. Mais devant la bienveillance du chien, Senzo ne peut s’empêcher de douter de sa gentillesse, pensant toujours qu’il sera trahi un jour…
  • Volume 5 – ISBN: 9791032711293, 2022
    Les loups tentent de contenir les ours qui ont perdu l’esprit à cause des miasmes. D’après le coq Kokei, ils doivent sceller la haine de Gyokumen dans un être humain pour arrêter ce désastre. Le renard blanc Yazumi décide alors de se sacrifier. Senzo, sous l’emprise d’un étrange esprit qui s’est immiscé dans sa conscience, a perdu le contrôle et ne distingue plus ses alliés de ses ennemis. Alors qu’il allait s’en prendre à Manpachi, Mikumo l’arrête. Le loup s’est également infiltré dans le monde des âmes et arrête l’esprit maléfique. Il tente avant tout de raisonner le renard, ayant compris que sa haine et sa rancune nourrissent cet esprit…
  • Volume 6 – ISBN: 9791032711958, 2023
    Grâce à Manpachi, Senzo a repris connaissance. Mais les renards blancs refusent de le laisser libre. Quand le renard noir lance ses flammes sur ces derniers, Mikumo l’immobilise. Mais les flammes ne brûlent pas du tout. Calmés, les renards demandent alors au renard noir de les accompagner, persuadés qu’il est lié aux changements affectant la pierre maléfique. Malgré les protestations de Manpachi et Koyuki, Senzo accepte…

Le renard et le petit tanuki 4-6©2021-2023, Tagawa Mi, Éditions Ki-oon
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Le livre des amis de Natsume – 夏目友人帳 (vol. 29)

MIDORIKAWA Yuki 緑川ゆき – ISBN: , Éditions Hakusensha, 2023

La série est disponible aux éditions Delcourt Tonkam sous le titre Le pacte des yôkai. Les tomes 26 et 27 sont sortis en avril 2023.

Natsume Takashi essaie de raisonner le yôkai qui a pris la forme de Mitsuru, la cousine de Natori, espérant ainsi sauver son ami. Cet esprit sait que Natori est un exorciste mais a tout de même jeté son dévolu sur lui car il est le seul à avoir entendu sa voix dans la forêt. Après s’être confié à l’adolescent, Mitsuru s’évapore. Cependant, Hiiragi remarque que l’esprit dégage une odeur de fleur, et non du sang comparé aux monstres dangereux…

Comme précisé dans sa postface, l’auteure continue de développer des récits qu’elle avait en tête, des petites tranches de vie permettant de mieux comprendre les personnages et les yôkai secondaires. Elle conclut l’histoire de Natori, permettant ainsi de découvrir des détails sur son passé. Puis elle reprend des récits plus légers, dont une affaire mystérieuse dans une résidence de type occidental appartenant à une ancienne grande actrice fan de spiritisme. Ainsi, Natsume et Tanuma se retrouvent malgré eux à participer à un jeu d’enquêtes avec des personnages pittoresques, curieux de participer à un salon d’occultisme. Tanuma révèle quelques une de ses capacités tandis que Natsume semble un peu dépassé. Midorikawa sensei adapte un peu son style narratif pour ce genre de récit. Elle alterne ainsi suspense, mystère et humour. La dernière histoire joue un peu sur les différences entre Reiko et son petit fils.
La mangaka a un trait épuré et fin. Elle le simplifie dans les passages humoristiques. Sa palette de trames étant plutôt claires, cela renforce un peu l’effet dépouillé de certaines planches. Pourtant, les décors sont détaillés et les contrastes noirs et blanc très marqués. Les trames d’ambiance renforcent les émotions. D’ailleurs, le récit dans la maison occidentale contient beaucoup de pages sombres, renforçant l’effet mystérieux et angoissant. La mise en page dynamique rythme la lecture.

C’est un plaisir d’en découvrir un peu plus sur les autres personnages et de partager des tranches de vie. Mais, en même temps, j’ai l’impression que le récit principal piétine. Comme j’adore les yôkai, je m’amuse à chaque tome, mais je pense que certains lecteurs peuvent se lasser du manque d’action.

Natsume yûjinsho 29©2023, Midorikawa Yuki, Éditions Hakusensha
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Utsubora (vol. 1 à 2)

NAKAMURA Asumiko, Éditions Akata, 2022-2023 (Ohta publishing, 2010)

L’écrivain Shun Mizorogi reçoit un jour un appel de la police. Les inspecteurs Mochizuki et Kaiba l’ont contacté via le téléphone d’une certaine Aki Fujino qui se serait suicidée en sautant du toit d’un immeuble. Ils lui demandent alors de venir identifier le corps à l’hôpital K. Mais dans le couloir, Mizorogi croit voir la jeune femme et s’évanouit…

L’auteure narre une enquête autour d’un mystérieux suicide, emplie de suspense. Elle sème le trouble grâce à des retournements de situation. De même, elle dissémine des indices au fil des pages et joue beaucoup sur la tension entre les personnages, l’ambiance et les non-dits. Le lecteur peut ainsi construire au fur et à mesure des suppositions. La vraie personnalité des personnages se dévoile au compte-gouttes, les transformant tour à tour en suspect, innocent manipulé ou manipulateur. Le mystère autour des deux sœurs s’épaissit de plus en plus dans le tome 1. Alors que Mizorogi semble un écrivain plutôt droit comparé à ses comparses, il n’a pas hésité à voler l’écrit d’une débutante et à la manipuler. Pourtant, le lecteur découvre dans le tome suivant qu’il y a quelques circonstances atténuantes. Nakamura sensei dépeint avec brio la noirceur de l’âme humaine, les relations amoureuses toxiques, la place de l’égo dans les relations humaines, les réactions différentes face aux émotions et sentiments contradictoires qui nous assaillent parfois. Elle aborde également le suicide et les questionnements que cela engendre dans l’entourage, la difficulté à mener de telles enquêtes, la manipulation et l’extrémisme de certains fans.
La mangaka a un trait très épuré, anguleux et fin. Elle s’attarde sur les regards, très expressifs, et sème des indices graphiques au fil des pages. Par ailleurs, elle utilise les trames avec parcimonie, privilégiant les contrastes noir et blanc. Les décors disparaissent parfois lors des gros plans ou laissent la place à de rares et discrètes trames d’ambiance. La mise en page très dynamique accompagne le regard. Nakamura sensei intègre directement dans le récit les illustrations en début de chapitre. Elle dessine quelques scènes érotiques, sans censure mais privilégie la sensualité.

Une histoire haletante qui nous retient dans le doute jusqu’à la dernière page, malgré un grand nombre de révélations. Le lecteur se retrouve à emboiter lui-même les différentes pièces du puzzle et à reconstruire les évènements selon les indices. Je suis complètement séduite par ce récit. En plus, le graphisme incisif de la Nakamura sensei colle parfaitement au genre.

En résumé (attention, spoils):

  • Volume 1 – ISBN: 9782382124215, 2022
    Quand l’écrivain reprend ses esprits, la jeune femme a disparu. Les policiers lui révèlent alors qu’elle est la sœur jumelle de la victime et lui font passer un petit interrogatoire. En effet, bien qu’il dise avoir peu fréquenté la jeune femme, cette dernière avait enregistré son numéro de téléphone. En rentrant, Mizorogi croise Sakura Miki, la sœur d’Aki. Troublé par sa ressemblance, il l’invite à boire un café…
  • Volume 2 – ISBN: 9782382129609, 2023
    Quand Tsuji Makoto arrive chez Mizorogi Shun, il trouve Yatabe en train de dîner avec Koyomi. La jeune fille l’invite alors à se joindre à eux, ne sachant pas où son oncle est parti suite à un appel téléphonique. Au fil de la discussion, Yatabe confie alors ses doutes à l’éditeur sur le véritable auteur d' »Utsubora », persuadé que ce dernier, grand fan de l’écrivain, ait cédé un de ses manuscrits…

Utsubora 1-2©2022-2023, Nakamura Asumiko, Éditions Akata
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W Juliette II – WジュリエットII (vol. 13)

Emura 絵夢羅 – ISBN: 9784592223931, Éditions Hakusensha, 2022

Ichijô rend visite à Ito chez les Miura, porteur des inquiétudes du reste de la troupe Miyabi. En effet, la jeune fille a accepté de remplacer Sasaki Madoka, hospitalisée, dans la pièce de « Hamlet » produite par Shiratori pro. Même si l’emploi du temps lui permet de jouer deux pièces le même jour, qu’en est-il des préparatifs et des répétitions juste avant? Refusant une baisse de qualité dans le jeu de la jeune actrice, il écoute calmement les arguments d’Ito et d’Amano Makoto. Son accord à peine donné, Makoto prévient Juliano pour qu’elle prépare les costumes. Pendant ce temps, Nishino Shôgo dîne avec les frères Miura mais durant une discussion, Tatsuyoshi laisse échapper le secret si bien gardé du couple…

L’auteure met en avant Ito et le défi qu’elle s’est imposée. Elle montre les difficultés à se mettre dans un rôle avec peu de temps de préparation, la fatigue qui s’accumule en parallèle de l’excitation, les inquiétudes qui apparaissent quand les objectifs fixés semblent s’éloigner. Une certaine tension s’installe entre Amano, qui a tendance à surprotéger sa femme, et Nishino, qui pousse Miura dans ses retranchements, attendant beaucoup de son interprétation. En plus, l’actrice n’arrive pas à bien cerner le caractère d’Ophelia, n’étant pas elle-même une femme soumise à la gente masculine. Misaki apporte son soutien, étant à la fois une amie et une fan. Emura sensei consacre la moitié du tome à la représentation revisitée de « Jeanne d’Arc », réussissant même à transformer les lecteurs en spectateurs. Elle met en avant le jeu d’Ito à travers ses interactions avec ses collègues, ses prouesses et la déstabilisation que certains acteurs ressentent face à ce changement soudain.
La mangaka a un trait épuré, de plus en plus fin. Elle dessine des regards intenses et expressifs. De même, elle exagère ou simplifie les expressions dans les passages humoristiques. Ainsi, Nishino affiche une palette de visages impressionnante. Cela exprime encore mieux son génie et son charisme vole même la vedette à Makoto! Les trames sont variées mais ne surchargent pas pour autant la page. De même, les trames d’ambiance renforcent les émotions. La mise en page très dynamique s’adapte à chaque fois au style narratif, entre action avec de grandes vignettes, drame avec des contre-plongées et une ambiance plus sombre, romantique ou humoristique.

Quelle folie! Emura sensei arrive à rendre vivant ses personnages. J’avais l’impression d’entendre leur voix. J’aimerais bien voir la pièce de « Jeanne d’Arc » en réel. En plus, ce type de pièces revisitées me rappelle celles de W Juliette quand Makoto et Ito étaient au lycée. Toujours aussi passionnant, instructif et divertissant!

W Juliette II 13©2022, Emura, Éditions Hakusensha
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